Un nouvel environnement visuel avec les "Tableaux de Marcel" d'A. Browne
En marge du dispositif « Bih-Bih et le Bouffron-Gouffron », cette approche de la chronologie absolue s'est poursuivie avec la découverte d'un second album qui, à l'instar de celui de Claude Ponti, met en scène une sélection d'oeuvres majeures du patrimoine artistique figuratif puisqu'y est détournée une vingtaine de tableaux de maître représentatifs de l'histoire de l'art de la Renaissance au XXe siècle : il s'agit des « Tableaux de Marcel » d'A. Browne. Dans un premier temps, les enfants ont été amenés à associer l'oeuvre détournée de son originale et à les comparer. Dans un second temps, il a fallu les placer sur la même ligne du temps que celle sur laquelle étaient déjà fixées les oeuvres de Claude Ponti. Cette activité a permis de vérifier la généralisation des concepts abordés dans la première phase mais, surtout, d'identifier, une fois encore, le degré d'intériorisation des procédures exercées jusque là : observer, décrire, construire des liens avec ce que l'on sait déjà et fixer l'objet de son analyse dans l'espace mais surtout dans le temps. Ainsi, et sans qu'aucune médiation enseignante ne soit nécessaire, les enfants ont spontanément fait des rapprochements entre ces tableaux et les oeuvres figurant dans l'album de Claude Ponti ou celles figurant dans le catalogue de leurs oeuvres préférées (1). A cet égard, la ligne du temps n'a pas seulement servi à établir les évolutions d'une oeuvre à l'autre ; elle s'est progressivement muée en tableau comparatif entre les oeuvres devenant rapidement un référentiel incontournable : les enfants ont pris l'habitude de la consulter à chaque fois qu'une nouvelle oeuvre était évoquée non tant pour l'y fixer que pour formuler des liens avec les oeuvres déjà reprises. Dans cette perspective synchronique, la ligne du temps s'est ainsi mise au service de l'élaboration de réseaux de connaissances et de concepts temporels majeurs. Ainsi, renouvelés dans différents contextes et à travers différents supports, les exercices de classements diachroniques ont non seulement permis aux enfants d'intégrer les règles liées à la lecture de la ligne du temps ; ces derniers en ont également compris la fonction et l'intérêt dans sa dimension ordinale (ordre de succession) et sa dimension cardinale (durée). L'éventail large des oeuvres fixées sur ce qui est progressivement devenu une frise chronologique a permis de saisir l'évolution dans le temps de celles-ci en tenant compte des contingences telles que leur fragilité ou au contraire leur résistance intrinsèque, les conditions de conservation et de trouvailles, ou encore leur intérêt patrimonial. A cet égard, la ligne du temps est devenue un outil de contextualisation des oeuvres étudiées en aidant l'enfant à passer d'un mode de pensée qualifié de « figuratif », fixe et figé, à un mode de pensée réellement opérant, autrement dit, capable de tenir compte de plusieurs éléments et de la transformation simultanée de ceux-ci. C'est par son intermédiaire que les oeuvres étudiées sont devenues dans le chef des apprenants de véritables «traces du passé ».
(1) Capsule 13: Ilan et le dragon de Paolo Ucello: https://www.dropbox.com/s/27e9m2pyztqpxw3/ILAN-PRINCESSE-DRAGON.mp4?dl=0

Back to Top