Vers une mise à distance toujours plus précise de l'objet d'étude
La connaissance implicite des périodes comme tremplin vers la datation de l'oeuvre
La juxtaposition des oeuvres les unes à côté des autres selon leur ordre de succession a permis aux enfants de visualiser la chronologie de celles-ci mais non d'appréhender la distance temporelle qui les sépare les unes des autres. Seul le recours à des repères chiffrés pouvait permettre d'atteindre cette précision. Il a dès lors fallu faire face aux inévitables obstacles mathématiques liés à la numération et, en particulier aux grands nombres qui ne figurent pas au programme à ce stade des apprentissages, les enfants de fin de première année primaire étant censés manipuler les nombres jusque 20. Aussi, avant de faire intervenir les dates, avons nous commencé par introduire une notion indirectement connue de l'enfant, car largement véhiculée par les sources de savoirs informels : les périodes historiques, à commencer par la Préhistoire et le Moyen Age. Concrètement, sur une ligne du temps graduée et mise à échelle, nous les avons invités à replacer les périodes qu'ils connaissaient puis, dans ces périodes, les objets vus lors des phases précédentes, ici convoqués dans un nouveau contexte d'apprentissage et donc examinés et questionnés avec un autre regard. Une fois de plus, les connaissances récemment acquises ont pu être réactivées tout autant que vérifiées, celles-ci témoignant d'une généralisation croissante des concepts en jeu.
De la période à la date : la ligne du temps, un outil à l'élaboration du savoir
Selon les principes didactiques préconisés en matière de construction de la ligne du temps, nous avons procédé de façon progressive en commençant avec la date de l'année en cours puis celle de l'année de naissance des enfants. Ensuite, c'est une simple recherche documentaire dans un dictionnaire des noms propres qui a amené la date de chaque oeuvre  tandis que la graduation a permis aux enfants de replacer, bon an mal an, les différentes oeuvres sous les traits correspondant à leurs dates respectives. Même si l'activité, en elle-même, repoussait de fait les connaissances mathématiques habituellement maîtrisées par les enfants de cet âge, elle n'a pourtant pas suscité de difficulté si ce n'est pour les dates en nombre négatif. En réalité, le fait que le nombre ait pris sens dans une date incarnée par un objet d'étude familier et bien maîtrisé semble avoir dissipé l'obstacle mathématique(1).

(1)Cette remarque fait écho aux constats posé par S. MASSON, sur l'intérêt d'une mise en perspective historique dans l'apprentissage de certaines conceptions scientifiques : S. MASSON & J. VAZQUEZ-ABAD," Integrating history of science in science Education through Historical Microworlds to promote Conceptual Changes", dans Journal of Science Education and Technology, octobre 2006.
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