Tout au long du dispositif, les enfants ont également été appelés à activer une autre fonction exécutive majeure, corrélée à la première (1) : la mémoire de travail(2). Son rôle apparaît de plus en plus primordial dans l'accomplissement de tâches complexes. On sait notamment que c'est grâce à la mémoire de travail que l'apprenant peut commencer à élaborer une représentation de l'objectif de la tâche, une habileté indispensable à sa réalisation. Et, plus largement, la capacité d'une personne à conserver en mémoire la représentation du but de la tâche qu'elle a à effectuer est aujourd'hui pointée comme un mécanisme indissociable à tout raisonnement quel qu'il soit (3). La répétition constante et régulière, échelonnée sur une longue période (quatre mois), des schémas d'apprentissages sollicités, d'une part, par l'observation/description dans différents contextes et, d'autre part, par les exercices de catégorisation rythmant le dispositif ont certainement contribué à accroître les performances de la mémoire de travail. Et il y a fort à parier que les difficultés que certains enfants ont éprouvé à aller au bout de certaines tâches, notamment celles de classement qui sollicitent une attention soutenue, résulte sans doute, pour une partie d'entre eux du moins, d'une défaillance au niveau du maintien en mémoire des objectifs. Le mécanisme de fonctionnement de la mémoire de travail nous autorise également à interpréter le besoin des enfants de répéter à haute voix, de façon presque litanique et parfois répétitive, le nom des oeuvres à l'entame de chaque activité convoquant leurs reproductions. Il est avéré que la mémorisation des informations visuelles passe par leur conversion verbale (5)et, en particulier, jusqu'à ce que la connaissance lexicale des nouveaux mots aient pris sens.
Gageons que le travail conjointement réalisé sur le renforcement des fonctions cognitives premières que sont l'attention sélective, la mémorisation et l'inhibition, d'une part, et sur l'intériorisation de premières habiletés en matière de contrôle cognitif, d'autre part, permettra aux apprenants de faire montre, dans la suite des apprentissages, d'une plus grande vigilance cognitive. C'est en tout cas cette voie qu'entend poursuivre ce projet, en se prolongeant l'année prochaine avec le même groupe d'enfants qui sera alors en 2e année.


1 Le lien entre inhibition et MDT est établi par GLADY, 2013, 19, pour qui le système inhibiteur se définit comme la capacité d'une personne à ne pas laisser entrer en mémoire de travail des informations non pertinentes.
2 La mémoire de travail est «un système mnésique dynamique qui rend possible la manipulation des informations au-delà de leur simple maintien temporaire dans notre système cognitif. (...) De façon générale, on sait que la MDT est essentielle à l'acquisition des connaissances et à l'apprentissage de nouvelles habiletés », ROSSI, 2016, p.40.
3 GLADY 2013, 19.
4 GAONAC'H & FRADET, 2003, p. 94.
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